À propos de H. P. Lovecraft: Contre le monde, contre la vie de Michel Houellebecq.
Un livre très faible, tant sur l’œuvre que sur la vie de Lovecraft. 22 500 mots en tout, nombreuses citations incluses (à titre de comparaison, L'Étranger de Camus fait environ 32 000 mots). La "bibliographie" liste en tout et pour tout deux livres qui ne sont pas de Lovecraft...
Il n'y a peut-être pas grand chose à dire sur la vie de Lovecraft, qui n'a pas beaucoup vécu. On pourrait quand même nous parler de ses tantes, de ses fréquentations à Providence, etc. On n'évoque que son mariage, et encore à peine. On ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une "biographie".
Quant à l’œuvre... Houellebecq semble adorer Lovecraft, et c'est son droit, mais les arguments qu'il avance pour en vanter les mérites sont, comme le reste, bien courts. L'essai est centré sur Lovecraft, qu'il ne replace dans aucune histoire littéraire, et qui est présenté comme un OVNI apparu miraculeusement, sans racines et sans contexte. On mentionne Edgar Allan Poe une fois, mais sans jamais relever les profondes similitudes entre les deux auteurs; on peut douter que Houellebecq ait jamais lu Poe. Quel contraste avec n'importe quelle page de littérature comparée de Borges par exemple.
On nous dit bien que l'imaginaire et l'esthétique de Lovecraft a été profondément influencé par le choc qu'il a ressenti en habitant New York, et surtout en essayant d'y survivre sans ressources. Mais sa description de la ville, citée au long, pâle en comparaison de celles qu'on peut trouver dans Céline ou dans Morand (que Wikipedia, dans une page spécialisée, ne mentionne même pas).
Ce mini-livre ne donne envie de lire ni Houellebecq, ni Lovecraft.